La Scotch Malt Whisky Society (SMWS) est en passe de prôner l’ouverture d’esprits avec une nouvelle gamme de « Single Cask Spirits » conviant Cognac, Rum & Gin pour un monde alternatif de la dégustation. Verdict en août…
La Scotch Malt Whisky Society fait partie de ces embouteilleurs insaisissables pour beaucoup d’amalteurs. En effet, il faut être un membre pour pouvoir profiter de leurs sélections. Toutefois, par le biais de copinages ou d’enchères, ces bouteilles sortent parfois de l’ombre et peuvent donc toucher un plus grand nombre de personnes.
SMWS : continuité ou revirement ?
S’il y avait déjà eu des exceptions (cognacs), il n’existait pas jusque-là une gamme de malternatives à proprement parler.
Sur la forme, cette nouvelle gamme s’inscrit clairement dans la continuité. On retrouve un style similaire à la base traditionnelle, avec simplement un logo distinctif et des étiquettes grises. De la même manière, la SMWS a conservé l’idée originelle : un embouteillage exclusif provenant d’un seul fût, scrupuleusement sélectionné.
Kai Ivalo, le directeur en charge des spiritueux à la SMWS affirme d’ailleurs la constance des process :
« Nos fût uniques de spiritueux sont le fruit d’une collaboration entre les distillateurs les plus créatifs et talentueux, une équipe d’ambassadeurs triés sur le volet qui sont des experts dans leur domaine, et notre propre panel de dégustateur – qui a toujours le dernier mot quand il s’agit d’évaluer et de d’approuver un embouteillage pour assurer la qualité de nos sélections[…] Nous avons la même débauche d’énergie pour trouver chacun de ces spiritueux que lorsqu’il s’agit de whiskys, pour proposer aux membres une expérience exceptionnelle ».
On sent une volonté de rassurer. Le mot d’ordre semble être la résilience de la qualité des sélections et du respect de l’opinion du panel de dégustateurs.
Cette étape est nécessaire puisque dans les alcools proposés, quand on pense au gin par exemple, on a l’image de produits sympathiques plutôt que de véritables pépites épicuriennes.
Si on se place dans une logique pérennisée au sein de la SMWS, peut-être que l’arrivée de ces embouteillages explicite une évolution bien plus large.
Spiritueux : vers la fin du mono-produit ?
Nous le savons, nous sommes dans une société de zappeurs compulsifs, d’adorateurs du consumérisme et du choix illimités, quitte à parfois flirter avec la vanité.
Il est donc logique que l’on voit resurgir des alcools qui étaient délaissés, mais au sein d’une démarche de premiumisation. De la même manière, l’avènement des « craft spirits » et de la globalisation des produits exotiques et/ou ancestraux ont mis en lumière des spiritueux oubliés ou inconnus du grand public.
A cet égard, la curiosité naturelle des amalteurs a été piquée.
Cette force primaire est par ailleurs renforcée par deux phénomènes non-négligeables. D’une part, la mixologie qui de par son succès met en lumière des produits qualitatifs (mais parfois plus monolithiques que les standards des dégustateurs chevronnés) et aussi une exploration internationale qui tend au métissage des savoir-faire. D’autre part, des consommateurs qui commencent à être habitué à un certain standing et qui sont prêts à s’affranchir des barrières de familles en optant pour des basiques plus onéreux mais plus méritoires.
A cet égard, le gin est la parfaite convergence de ces phénomènes.
Quoi qu’il en soit, il ne faut pas se leurrer, ce genre de tendances n’échappe pas aux protagonistes de l’industrie.
A l’heure où l’on se parle, une partie du monde des spiritueux est en ébullition.
Diageo vient de racheter la marque de Tequila créée par George Clooney, Casamigos, pour 900 millions d’euros, Don Julio étant déjà dans leur giron. Pernod Ricard vient de piocher dans le Mezcal (avec Del Maguey). Sans parler de la vodka ou le gin qui s’affirment…
Bref, la diversification et la mise en avant des futures stars sont d’ores et déjà prévue.
De fait, la SMWS se place clairement dans cette mouvance bien que l’approche reste pour le moment assez conservatrice. En effet, le rhum et le cognac sont des territoires rassurants, imprégnés dans la culture les amateurs de dégustation. Le gin, lui, sert et servira probablement de pontage entre l’héritage des produits anoblis (whiskys, rhums, armagnac, cognac…) et l’explosion des nouveaux alcools internationaux, à fort potentiel de propagation.
2 Comments
Armagnac 1988
7 février 2018 at 13 h 55 minOn les aurai même vu en région d’Armagnac !!
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