Ce n’est pas tous les jours qu’on découvre un single malt aussi ancien. Après le grain (Cameronbridge) des années 50 de chez Cadenhead, on s’exile sur l’île de Skye avec ce Talisker sélectionné par les vieux briscards de Gordon & MacPhail…
Nez : la discrétion est de mise et on est clairement au pays du fondu. C’est un bourgeois qui se présente. On perçoit un aspect bien rond qui oscille entre le miel de sapin, la cire et la crème fraîche. On a alors une fumée délicate, légèrement iodée, qui apporte une pointe de tabac, de la paille, des amandes amères, des griottes, du cola… Des fruits s’émancipent sur les agrumes (marmelade d’orange, gelée de yuzu) et le sirop de pêche. L’ouverture apporte des notes de pierre humide, de la bourrache, des primevères, un peu d’ananas, de la menthe fraîche, de la rhubarbe et des raisins frais. Cela devient désormais plus côtier. Enfin, c’est la cannelle et le poivre noir qui ressortent avec une touche d’encaustique, de café, du chocolat et une patine plus neutre (pâte à tarte, papier journal). Evidemment, la puissance lui fait quelque peu défaut mais il y a une personnalité charmante et une complexité élégante. Excellent, tout simplement. On notera toutefois qu’il faudra être attentif car les arômes sont parfois fugaces et polymorphes.
Bouche : la texture est lisse mais l’amplitude est plus limitée, nous laissant face à un fondu évident. On retrouve en premier lieu un joli côté minéral associé au cuir, au papier journal et à une légère note de rhubarbe. Les agrumes sont encore là (pamplemousse, orange) avec un retour légèrement exotique (grenade, passion). On perçoit en seconde partie de bouche du liège, de la crème fermière, des amandes et des raisins rouges. Le poivre et le voile fumé iodé forment le fil rouge discret de cette bouche qui fait la part belle au fruité. On a perdu l’exubérance de l’olfaction mais on est encore sur quelque chose de joliment ciselé.
Finale : elle est moyenne (mais légère) et avec une persistance correcte. Désormais son caractère est plus tranché et plus sec avec une note de fumée iodée, du bois laqué et une touche légèrement métallique associée à ces notes de confiture d’agrumes et de raisins rouges.
Music Pairing : Midori No Asa – Kimio Eto
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